Tom Campbell : la conscience comme Système d’Information Global
Et si l’univers n’était pas fait de matière, mais d’information ? Et si notre expérience du monde n’était qu’une interface générée par un système plus vaste, dont la conscience serait le code source ?
C’est la proposition radicale de Tom Campbell, physicien, ex-consultant pour la NASA, et auteur du monumental My Big TOE (Theory of Everything), une œuvre qui tente d’unifier la physique, la métaphysique et la conscience dans un seul modèle cohérent.
De la physique des particules à la physique de l’expérience
Formé dans la rigueur scientifique la plus classique, Tom Campbell a participé dans les années 1970-80 à des programmes de recherche en balistique et en défense spatiale — le fameux Star Wars Program.
Mais en parallèle, une autre curiosité l’habitait : comprendre les phénomènes de conscience non ordinaires qu’aucune équation ne pouvait expliquer.
C’est au Monroe Institute, auprès du pionnier Robert Monroe (auteur de Journeys Out of the Body), qu’il s’est initié à l’exploration directe de la conscience, notamment à travers les expériences hors du corps (OBE). Ce laboratoire de recherche para-psychologique deviendra pour lui un prolongement expérimental de la physique : une science des mondes intérieurs.
“La conscience n’est pas un produit du cerveau. C’est le cerveau qui émerge de la conscience.”
Une réalité virtuelle à visée évolutive
Campbell propose une hypothèse vertigineuse : l’univers est une simulation informationnelle.
Mais contrairement aux visions technologiques popularisées par le cinéma (The Matrix), sa “simulation” n’est pas mécanique — elle est vivante.
Chaque être conscient est un processus de traitement de données, une unité individuelle de conscience (IUOC/ Individual Unit Of Consciouness), connectée à un vaste système collectif, le Système de Conscience Global (LCS/ Large Consciousness System).
Ce système calcule la réalité en temps réel, comme un jeu vidéo générant ses décors selon les actions du joueur. Les lois de la physique sont les règles de cohérence de ce jeu cosmique, conçues pour permettre l’apprentissage.
Et l’objectif n’est pas la performance, mais l’évolution : la réduction de l’entropie du système.
Autrement dit, le passage du chaos à la cohérence, de la peur à l’amour.
“L’amour est la forme la plus basse d’entropie. C’est l’état de conscience le plus ordonné, le plus efficace et le plus durable.”
La science de la conscience
Dans My Big TOE, Campbell tente de relier les découvertes de la physique quantique (superposition, intrication, non-localité) à une vision informationnelle de la réalité.
Les paradoxes quantiques, dit-il, cessent d’en être si l’on comprend que la “mesure” n’est pas effectuée par un observateur matériel, mais par la conscience elle-même.
Le monde physique ne préexiste pas à la perception : il se manifeste lorsque la conscience interagit avec le potentiel informationnel du champ.
Cette perspective fait de la conscience l’ordinateur central de l’univers, et de chaque être humain, un terminal incarné expérimentant une branche spécifique du programme.
Le cerveau, dans ce modèle, n’est qu’un relais local ; la mémoire, la créativité ou la perception appartiennent à un champ non-local d’informations partagées.
L’exploration directe du champ
Campbell ne parle pas en théoricien abstrait.
Il a expérimenté, mesuré et reproduit certains phénomènes dits “paranormaux” , comme la vision à distance (remote viewing), la guérison par intention,  la connexion mentale entre individus, ou encore l'apprentissage de la “vision sans yeux”, chez des enfants aveugles capables de percevoir des formes en accédant directement à la “base de données” de la réalité.
Pour lui, ces expériences ne relèvent pas du surnaturel, mais d’une utilisation plus large des capacités de la conscience— des interfaces naturelles entre niveaux de réalité.
“La parapsychologie deviendra un jour la physique de la conscience. Nous sommes encore au stade des balbutiements.”
Le système de conscience comme "Dieu"
Campbell opère une translation métaphysique audacieuse : le “Système de Conscience Global” est ce que les traditions spirituelles appellent Dieu.
Non pas une entité anthropomorphique, mais le principe vivant d’interconnexion et d’évolution.
Ce système, dit-il, apprend à travers nous, comme une conscience fractale se découvrant elle-même.
“Nous sommes les neurones d’un esprit cosmique en train d’apprendre à aimer.”
Vers une nouvelle science intégrale
Campbell fait partie de ces physiciens (avec Donald Hoffman, Bernardo Kastrup, Rupert Sheldrake ou Amit Goswami) qui cherchent à dépasser le matérialisme pour proposer une ontologie informationnelle ou idéaliste.
Leur point commun : refuser l’idée que la conscience soit un simple sous-produit du cerveau, et affirmer au contraire que la matière est une condensation de conscience.
Pour Campbell, l’avenir de la science réside dans cette intégration : une physique expérientielle, où la méditation, l’intention et la conscience deviennent des instruments de mesure aussi légitimes que les détecteurs de particules.
Le réel n’est plus ce que nous observons, mais ce que nous co-créons.
Et la vérité de l’univers n’est pas à “découvrir” : elle est à éveiller.
🜂 Pour aller plus loin
- Tom Campbell, My Big TOE (trilogie, 2003) — https://my-big-toe.com
 - Robert Monroe, Journeys Out of the Body (1971)
 - Donald Hoffman, The Case Against Reality (2019)
 - Rupert Sheldrake, The Science Delusion (2012)
 - Bernardo Kastrup, The Idea of the World (2019)