L'idéalisme analytique en quelques mots
À propos du dernier livre de Bernardo Kastrup, artisan du retournement de notre conception de la conscience.

D’ici quelques décennies, je suis convaincu que Bernardo Kastrup sera reconnu comme l’un de ceux qui auront contribué à reconfigurer en profondeur notre compréhension de la réalité — du moins dans le prisme des cultures occidentales.
Qui est Bernardo Kastrup ?
Ancien chercheur au CERN et docteur en informatique, spécialisé en intelligence artificielle, Bernardo Kastrup est aujourd’hui l’un des principaux penseurs de l’idéalisme analytique.
Ses travaux s’appuient à la fois sur la rigueur scientifique, la logique analytique et une ouverture profonde aux traditions métaphysiques.
Il a publié plus d’une dizaine d’ouvrages, dont The Idea of the World, Analytic Idealism et Why Materialism is Baloney.
Bernardo n’a rien d’un gourou. C’est un artisan du retournement.
Un philosophe-ingénieur, rigoureux et poétique à la fois, qui détricote, pierre après pierre, l’édifice du matérialisme — ou plus exactement, du physicalisme — pour faire émerger une autre trame du réel : celle de la conscience comme fondement premier.
Il ne nie pas la matière.
Il la considère comme une interface, une interface mentale.
Un tableau de bord — écrit-il — qui traduit en symboles sensoriels des dynamiques plus vastes, d’une nature fondamentalement mentale.
Ce que nous appelons ‘le monde physique’ n’est pas une entité extérieure à nous-mêmes, mais une modélisation mentale collective de dynamiques mentales plus profondes. Nous n’observons pas un objet, mais un symbole émergent — tel que filtré par notre système cognitif. »
— Bernardo Kastrup
Autrement dit :
Ce que je vois, ce que je touche, ce que je mesure ? Une interface.
Ce que je suis ? Le champ même de la conscience — incarnée dans un corps, traversée de formes, émerveillée par le mystère.
On pourrait le dire ainsi :
La conscience n’est pas dans le monde.
Le monde est dans la conscience.
Une résonance profonde
Kastrup ne propose pas un dogme, mais un retournement de perspective.
Il rejoint, sans les singer, les intuitions de Jung, Schopenhauer ou encore certaines sagesses orientales pour qui la matière n’est qu’apparence — maya — et la conscience le substrat ultime du monde.
Jung parlait ainsi d’unus mundus, un substrat psychique commun aux expériences subjectives et aux formes objectives. Dans le Vedanta, l’univers matériel est une projection mentale de Brahman.
Kastrup, en les rejoignant sur le fond, cherche à formuler cette intuition dans le langage contemporain des sciences et de la philosophie analytique.
Et en lisant ses lignes, j’ai l’étrange impression de rencontrer un ami.
Quelqu’un qui met des mots sur ce que je pressens, partage, tente de communiquer depuis des années.
Je souris intérieurement, et je remercie Internet — oui, Internet — de m’avoir permis la rencontre avec ce libre penseur.
Bernardo partage ce nouveau paradigme du réel notamment à travers la chaîne YouTube de l’Essentia Foundation, qu’il a cofondée.
Une oasis, au cœur du désert des apparences.
Et je réalise en l'écrivant que l’INEXCO s’inscrit dans cette même dynamique :
créer des oasis pour accompagner le retournement de regard.
Pour que la conscience — ce que nous sommes — redevienne l’origine légitime de notre savoir, de notre science, de notre relation au monde.
📖 En résumé
L’idéalisme analytique, proposé par Bernardo Kastrup, soutient que la conscience est la base de la réalité. Le monde physique n’existe pas indépendamment, mais émerge d’une conscience universelle. Nos esprits individuels sont des segments de cette conscience, comme des vortex dans un fleuve. Ce modèle vise à concilier rigueur scientifique et exploration de la subjectivité.
🔍 Pour aller plus loin
- 📚 L'idéalisme analytique en quelques mots — Un résumé simple et direct de la seule métaphysique possible du XXIe siècle (éditions Almora, 2024)
- 🎥 Essentia Foundation sur YouTube
- 🎧 Conférences sous-titrées en français : “The Universe is a Thought” / “The Fallacy of Materialism”
- 📘 Une lecture d’introduction : Pourquoi le matérialisme est absurde (éditions Almora, 2020)