L’entropie est dans l’œil du témoin

L’entropie, ce n’est peut-être pas la fin, mais un changement de perspective. Et si le désordre n’était qu’une illusion d’optique de notre conscience dissociée ? Un article pour réenchanter la flèche du temps.

Et si le désordre n’était qu’un point de vue ?

L’univers se refroidit, les choses se dégradent, tout retourne au chaos. C’est ce que dit la thermodynamique. Mais si cette vision du “désordre croissant” n’était pas un fait objectif… mais une illusion propre à notre conscience localisée ?

Le deuxième principe, érigé en dogme

L’entropie, dans le langage scientifique, est cette grandeur qui mesure le degré de désordre d’un système. Et selon le deuxième principe de la thermodynamique, l’entropie ne fait qu’augmenter dans un système isolé.

Ce principe, érigé en vérité absolue, a nourri une vision tragique du cosmos :

  • L’univers comme mécanisme sans but.
  • La chaleur, l’énergie, la vie, tout serait appelé à disparaître.
  • L’entropie serait la flèche irréversible du temps, vers la dissolution.

Mais cette idée repose sur un préalable rarement questionné : que l’ordre et le désordre seraient des propriétés objectives.

Et si ce n’était pas le cas ?


Entropie et perspective

La lecture idéaliste de Bernardo Kastrup, relayée par l’Essentia Foundation, propose un renversement radical :

L’entropie est une illusion générée par une conscience dissociée.

En d’autres termes :

  • Ce que nous appelons “désordre” n’est pas une réalité absolue, mais une évaluation faite depuis une perspective locale.
  • La conscience, en tant que point de vue incarné, ne perçoit qu’une très petite portion du champ de l’expérience.
  • L’apparente dégradation est le résultat d’un filtrage, non d’un effondrement réel.

Ce que je perçois comme “perte d’énergie” ou “augmentation de désordre” est peut-être, vu d’un plan plus vaste, une simple reconfiguration — voire une croissance dans une autre direction.


L’ordre ailleurs

Regarde une forêt après un incendie. À notre échelle, c’est le chaos. Mais à l’échelle de la vie, c’est une phase de transformation. De germination. D’équilibrage.

De même, un corps en décomposition nourrit d’autres formes. Une étoile qui meurt féconde l’espace de nouveaux éléments.

Et si l’univers tout entier n’était pas en train de “s’éteindre”, mais de se métamorphoser ?


La conscience comme réducteur de complexité

L’entropie est souvent liée à la perte d’information. Mais selon le modèle idéaliste, l’information n’est pas dans la matière, elle est dans la conscience.

Notre esprit, pour fonctionner, réduit la complexité du réel. Il filtre, isole, organise. Il crée des objets, des séquences, des récits. Et ce faisant, il génère l’impression d’un “avant plus ordonné”.

Mais cette impression n’est pas un fait universel. C’est une construction perceptive. Une compression.


Du désordre à la beauté

Cela ne veut pas dire que tout est illusion, mais que le désordre n’est pas une fatalité. Il est une lecture. Et comme toute lecture, il peut être élargi.

Lorsque je perçois au-delà de ma dissociation — par la contemplation, l’émerveillement, les états modifiés — je ressens que le monde n’est pas en train de mourir, mais de s’orchestrer.

Là où mon esprit voit chaos, le cœur perçoit rythme. Là où la raison mesure perte, l’âme sent transmutation.


Vers une entropie poétique

Plutôt que de voir le monde comme une machine qui se dégrade, nous pourrions le voir comme une musique qui se déploie. Une fugue complexe, imprévisible, mais pleine de sens.

Ce que nous appelons “entropie” n’est alors plus un déclin, mais une danse invisible, qui nous invite à changer de point d’écoute.

Le désordre, vu depuis l’infini, est peut-être une forme d’harmonie que nous ne savons pas encore lire.



🧭 Pour aller plus loin

Explorer l'entropie autrement, c'est aussi interroger notre rapport au temps, à la réalité, et au point de vue. Voici quelques ressources pour approfondir cette bascule.

  • 📘 L’ordre du temps – Carlo Rovelli
    Une plongée accessible et poétique dans la physique du temps. Le physicien et génial vulgarisateur y déconstruit les illusions temporelles modernes, montrant que le “présent” est une construction, et que l’ordre du temps dépend toujours de la perspective adoptée.
  • 🎧 Podcast Essentia Foundation – épisode « Is Entropy Real? »
    Une discussion limpide sur la nature subjective de l'entropie et ce qu'elle révèle sur la structure de la conscience.
  • 🌱 Pratique : contempler une transformation
    Observez un processus de décomposition naturelle (fruit, fleur, branche). Laissez tomber la notion de perte. Que ressentez-vous, si vous voyez ce processus comme une mue, une orchestration, une métamorphose ?

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