La transe cognitive auto-induite (TCAI) en 3 min
Une exploration de la transe cognitive auto-induite comme voie d’émancipation intérieure et de transformation de la conscience — sans soumission, sans dogme, mais avec lucidité.
Et si la transe n’était pas une perte de contrôle, mais un accès privilégié à une forme de lucidité élargie ?
Longtemps cantonnée aux marges du religieux, du chamanisme ou de l’hypnose clinique, la transe connaît aujourd’hui une relecture radicale. Le premier congrès sur la transe cognitive auto-induite (TCAI), tenu en 2022, a posé les bases d’un nouveau paradigme : une transe volontaire, incarnée, et surtout — autonome.

Une transe sans soumission
Dans l’imaginaire collectif, la transe évoque souvent une mise à distance de soi : perte de contrôle, dissociation, influence extérieure. Or, la TCAI renverse cette perspective. Elle propose une voie de connaissance intérieure sans médiation autoritaire, sans injonction thérapeutique.
Ce n’est plus un praticien qui “hypnotise” un patient, mais un individu qui explore activement sa propre interface intérieure à l’aide de techniques simples, corporelles, attentives.
À travers une série d’ateliers et de conférences, les participants du congrès ont expérimenté ce basculement : induire un état de transe sans renoncer à sa souveraineté. La transe devient alors un terrain d’exploration, pas une zone d’abandon.
De l’attention au basculement
La TCAI s’appuie sur un principe fondamental : notre système nerveux est prédictif. Il construit une réalité en continu à partir de modèles internes. En modifiant certaines variables — comme l’attention, le rythme respiratoire, le mouvement ou le langage intérieur —, il est possible de désactiver temporairement ces modèles pour laisser émerger de nouvelles formes de perception.
Ce “basculement” ne se produit pas par magie. Il s’installe graduellement, au seuil de l’engagement somatique, lorsque le corps et l’esprit acceptent conjointement de ne plus piloter la réalité sur un mode automatique.
Cela donne lieu à un état de conscience modifié, souvent accompagné de phénomènes sensoriels, émotionnels ou symboliques profonds — mais sans jamais perdre de vue la possibilité de retour à soi.
Un terrain fertile pour la recherche
La TCAI n’est pas une discipline figée, mais un laboratoire vivant. Les travaux présentés au congrès croisent neurosciences, phénoménologie, pratiques psychocorporelles, art du récit et éthique de l’accompagnement.
On y découvre des ponts inédits : entre hypnose et attention flottante, entre feedback sensoriel et transe somatique, entre langage inductif et transformation identitaire.
Ce champ ouvre aussi des pistes de recherche et quelques questions passionnantes. Peut-on cartographier les états de transe selon leur structure cognitive et affective ? Quels mécanismes permettent à un individu d’induire sa propre transe de manière reproductible ? Comment accompagner sans induire ?
Et surtout : que révèle la transe de la nature même de la conscience ?
Une écologie intérieure à cultiver
À l’heure où la surcharge cognitive, la distraction permanente et la désincarnation numérique menacent notre équilibre intérieur, la TCAI offre un chemin inverse : ralentir, écouter, ressentir, ajuster.
Elle invite à cultiver une forme de présence amplifiée à soi-même, non pour s’y enfermer, mais pour mieux habiter le monde.
Dans l’esprit de l’INEXCO, elle s’inscrit comme un levier d’émancipation intérieure, un art de la reliance entre disciplines, vécus et récits. Elle ne promet pas des extases spectaculaires, mais des transformations lentes, profondes, enracinées dans l’expérience directe. Une transe sans spectacle ni dogme, mais riche de possibles.
🔎 Pour aller plus loin
🗞️ À consulter
Le site officiel français du TranceScience Research Institute.
Le nom est anglais, mais ils sont bien français : il s'agit de la structure co-portée par Corinne Sombrun, ambassadrice de la Transe cognitive auto-induite.
📚 À lire
La diagonale de la joie – Corinne Sombrun (2023) : un récit incarné et lumineux sur la manière dont la transe peut devenir un levier de transformation intérieure, d’écologie personnelle et de reliance au vivant.