France Culture parle de transe : une pratique en marche vers la reconnaissance

La transe s’invite sur les ondes.

Dans La Science CQFD, l’émission de Natacha Triou sur France Culture, un épisode entier a récemment été consacré à cet état non ordinaire de conscience longtemps relégué aux marges. Une heure d’entretien, riche et nuancée, qui marque une étape de plus dans la diffusion et la destigmatisation de ce phénomène universel.

Trois regards complémentaires

L’émission réunit trois figures clés du sujet :

  • Audrey Breton, neuroscientifique et directrice de l’Institut de recherche TranceScience, qui travaille à cartographier la phénoménologie et les bases neurophysiologiques de la transe. Elle étudie notamment la transe cognitive auto-induite (TCAI), une méthode standardisée popularisée par Corinne Sombrun. (Dans la Gazette, on en parle là 𒆖 La transe cognitive auto-induite (TCAI) en 3 min)
  • Antoine Bioy, psychologue clinicien et professeur de psychologie clinique et psychopathologie à l’Université Paris VIII. Chercheur et praticien, il explore les applications cliniques de la transe, dans la lignée de ses travaux sur l’hypnose. Nous l'avons interviewé en début d'année, où il partage sa vision d’une conscience multiple et fluide. C'est l'auteur du livre Le Grand Livre des transes et des états non ordinaires de conscience aux éditions Dunod
  • Céline Loozen, journaliste à France Culture, autrice de Transe, enquête sur un état de conscience modifié (CNRS Éditions, 2024). Son regard d’enquêtrice permet de relier le vécu subjectif des transeurs à la légitimité scientifique émergente.

Déroulé de l’émission

L’échange débute par une mise au point définitionnelle : la transe peut être volontaire, réversible, et n’a rien de pathologique en soi. Elle s’accompagne de phénomènes comme la dissociation transitoire, la perte des repères temporels, ou encore l’intensification de l’imaginaire et des émotions.

Les intervenants distinguent les formes de transe : auto-induite (comme la TCAI), ou spontanée (extase devant un paysage, sidération face à un choc),

L’émission évoque ensuite la méthodologie scientifique : recueillir les témoignages détaillés des pratiquants (micro-phénoménologie), les coupler à des mesures physiologiques (EEG, rythme cardiaque, respiration, hormones), et observer les effets tangibles sur la douleur, la force physique ou l’attention.

Enfin, la discussion ouvre sur les usages thérapeutiques : accompagnement de l’oncologie, gestion du stress post-traumatique, addictions, anxiété. Les précautions sont rappelées : comme toute pratique de dissociation, la transe n’est pas adaptée à tous, ni en tout contexte.

Une pratique universelle, une recherche émergente

Au fil des interventions, un message clair se dégage : la transe n’est ni exotique ni marginale. Documentée dans près de 90 % des sociétés par l’anthropologie, elle constitue un patrimoine humain universel, désormais étudié avec rigueur.

En donnant la parole aux chercheurs et praticiens, France Culture contribue à ouvrir un champ d’étude longtemps négligé, et à transformer les représentations collectives.


Pour écouter :

𒆖 Sur YouTube :


🔎 Pour aller plus loin dans la Gazette

𒆖 Notre entretien avec Antoine Bioy, où il développe son approche clinique et phénoménologique de la conscience.
𒆖 La transe cognitive auto-induite (TCAI) en 3 min, qui présente cette méthode popularisée par l’Institut TranceScience.