[Chronique du basculement] Elle était déjà lumière

Voici une première fiction du basculement publiée dans la Gazette. Une fiction du seuil. Elle s’adresse à celles et ceux qui sentent que le monde ancien se fissure — et que quelque chose d’autre émerge, doucement, en eux. Elle s’adresse à toi.

Elle ne savait plus très bien ce qui, en premier, s’était effondré.
Une relation. Un rythme. Une croyance.
Peut-être juste une manière de regarder le monde sans le voir.
Mais ce qu’elle savait, c’est que quelque chose, en elle, s’était arrêté de faire semblant.

Depuis quelques jours, les signes se bousculaient comme des oiseaux avant la tempête.
Des amis disparaissaient de sa vie sans bruit.
Des projets se désagrégeaient sans lutte.
Même les silences vibraient d’un sens encore intraduisible.

Au début, elle avait cru à une crise.
Mais une voix, quelque part entre les cellules, murmurait :

Ce n’est pas une fin. C’est une fréquence.

Alors elle s’était mise à écouter autrement.
Les battements de son cœur.
Le vent dans les arbres.
L’appel du réel sous la surface visible.

Et elle avait compris.
Le monde n’était pas en train de finir.
Il était en train de changer de tonalité.

Ce n’était pas la planète qui basculait, mais le champ.
Un changement d’axe, imperceptible mais total.
Et chacun, sans le savoir, choisissait sa trajectoire.


Elle s’asseyait chaque matin, pieds nus sur la terre.
Pas pour prier. Pas pour méditer.
Juste pour ressentir ce qui insistait à naître.

Un matin, le mot lui est venu : cohérence.
Elle ne l’avait pas convoqué. Il s’était imposé comme une brèche dans le vacarme.

Elle avait compris alors :

On ne peut pas ressentir la peur et l’amour en même temps.
Il faut choisir une polarité vibratoire.
Et le champ réagit à l’intérieur.

Alors elle a choisi.
Chaque jour. Chaque heure. Parfois chaque minute.


Autour d’elle, des gens criaient au chaos.
Des nouvelles hurlaient à la catastrophe.
Des structures s’effondraient.

Mais dans les replis du monde, quelque chose poussait en silence.
Des mains qui se tendaient.
Des groupes qui se formaient, sans bruit, autour d’un chant, d’un jardin, d’un regard.
Des êtres qui retrouvaient la joie sans pourquoi .
La joie de vibrer juste.

Elle ne savait pas si c’était la Nouvelle Terre.
Mais elle savait qu’elle ne pouvait plus revenir en arrière.


Un jour, elle a senti un frisson parcourir l’épine de sa colonne.
Quelque chose s’alignait.

Elle a souri sans raison.
Elle s’est dit : je suis un pont entre les mondes.
Puis elle a entendu, très clair, très doux :

Tu es déjà lumière.
N’attends plus pour rayonner.

Alors elle s’est levée.
Et elle a marché, comme une étoile qui apprend à faire des pas.
Calme.
Présente.
Déjà là.



Tu n’as rien à faire.
Tu as à être.
Et à le vibrer pleinement.

✦ Postface vibratoire — pour celles et ceux qui sentent le seuil

Ce récit est une fiction du seuil. Il ne cherche pas à expliquer. Il cherche à vibrer.

Nous inaugurons ici une nouvelle forme dans La Gazette : les Chroniques du Basculement.
Des textes poreux. Des récits d'entre-mondes. Des fragments d’un futur déjà inscrit dans nos cellules.

Ces histoires ne sont pas "inventées". Elles sont perçues.
Elles émanent de cette nappe collective que certain·es ressentent au cœur du chaos, celle d’une nouvelle manière d'être au monde, silencieuse, mais bien réelle.

Si tu sens l’appel de cette fréquence,
que ton cœur bat un peu plus fort,
que ta conscience vibre à certains mots sans comprendre pourquoi,
alors sache que tu es déjà dedans.

Il ne reste plus qu’à t’y reconnaître et, pourquoi pas, à placer ton empreinte narrative dans la trame.