Dreamtime — marcher le monde intérieur
Et si le réel n’était pas figé, mais chanté à chaque instant ? Le Dreamtime, selon les traditions aborigènes, est un champ vivant de création où marcher, chanter, respirer deviennent des actes de structuration du monde.
Il existe, dans certaines traditions aborigènes d’Australie, une autre façon de penser le temps. Un temps qui ne passe pas. Un temps qui tisse.
Ils l’appellent Dreamtime — ou Tjukurpa.
Contrairement à nos calendriers, ce temps-là ne se découpe pas en secondes, en jours ou en ères. Il n’est pas linéaire, ni révolu. C’est un champ vivant, un canevas invisible sur lequel le monde prend forme.
Un temps archétypal, structurel, où les histoires originelles du monde — celles des ancêtres, des lieux, des formes — continuent d’agir. Ici. Maintenant.
Le Dreamtime est le lieu de la mémoire du monde, mais une mémoire qui n’est pas derrière nous : elle est sous nous.
À chaque pas. À chaque souffle.
Elle est activée dès qu’un être entre en relation juste avec le vivant.
La conscience comme écho
Explorer la conscience, c’est parfois avoir l’intuition que tout n’a pas été “créé une fois pour toutes”.
Qu’il existe des motifs de réalité qui ne sont pas seulement biologiques ou psychologiques, mais vibratoires.
Et que ces motifs se révèlent lorsqu’on écoute, non pour savoir, mais pour entrer en résonance.
Le Dreamtime n’est pas un rêve passif : c’est un état d’accord profond avec la texture du réel.
Certain·es y accèdent en chantant, en marchant, en racontant.
Car dans ces cultures, chanter un lieu, c’est l’activer.
Nommer une montagne, c’est la faire exister dans la trame du monde.
Et si, dans nos pratiques, dans nos silences, dans nos mouvements intérieurs, nous aussi nous tissions des lignes de chant invisibles ?
Chanter pour ressentir
Le Dreamtime nous invite à sortir de l’idée que la conscience est enfermée dans notre cerveau.
Il suggère que la conscience est relation — un tissu de résonances entre les êtres, les lieux, les temps.
Alors peut-être que ta voix, même muette, contient déjà un chant ancien.
Un chant qui ne vient pas du passé, mais du dessous du réel.
Un chant qui ne cherche pas à être écouté, mais à être vécu.
Explorer le Dreamtime, ce n’est pas fuir dans un ailleurs mystique.
C’est apprendre à marcher dans le présent comme sur une carte vivante — chaque pas devenant un geste d’activation, chaque respiration un acte de reliance.
Question chuchotée par Polly :
Et si, en ce moment même, ce que tu ressens est une mémoire du monde en train de t’émerger ?